BEN. (L'ONCLE SOUL)

Il y a dix ans, paraissait le premier album de Ben L’Oncle Soul. Il révélait la soul attitude de ce chanteur hors normes sorti de nulle part ou plus précisément, des Beaux-Arts de Tours.

Depuis, sa voix en or a transporté des centaines de salles de concerts en France et à travers le monde. Mais ne parlez plus d’Oncle Soul. Aujourd’hui, c’est Ben. tout court, et non plus le personnage qu’il s’était créé à ses débuts. « Après avoir tissé une relation très forte avec mon public, j’ai pensé qu’on pouvait enfin se tutoyer, passer à quelque chose de plus direct », explique-t-il. Ben, le diminutif de toujours. Simple, évident… et sans les échos nostalgiques d’un oncle, aussi soul soit-il ! Bonne nouvelle, ce changement n’est pas que patronymique, il est également sonore. Avec Addicted to You, Ben balaie les frontières entre R’n’B et hip hop, tendance jazz, d’obédience pop, avec des échos soul par ci, reggae par là. Un disque qui reflète les grandes amours musicales de l’adolescence de Ben, de Method Man à Lauryn Hill en passant par le Wu Tang Clan, le jazz de Robert Glasper ainsi que le R’n’B des années 90 : Usher, TLC, Maxwell, Aaliyah…

3 septembre 2022 Yuri Buenaventura festival Jazz Ô Palais
affiche Ben. (l'oncle Soul) festival Jazz Ô Palais Albi

Tout a commencé il y a six ans, à New York. Ce jour-là, il va à la rencontre de Likeminds, un duo de réalisateurs ultra buzzé. Dans la voiture qui le conduit à Brooklyn, il croise une agence dont le logo représente deux arbres partageant les mêmes branches. C’est ainsi que le premier morceau écrit pour l’album, dont il est devenu l’ouverture, voit le jour, sous le nom de « Two Trees » : « C’est le seul qui a été créé de cette manière, et qui a donné la tonalité à Addicted to You. Il évoque l’enracinement, deux graines qui tombent l’une à côté de l’autre, deux arbres qui vont pousser et faire leur vie ensemble. Plutôt que de chercher la difficulté de l’autre côté de la planète, pourquoi pas regarder plus près de soi ? »

On l’aura compris, Addicted to You est un appel à l’amour, comme une « formule magique », et s’il propose 11 morceaux, c’est pour le clin d’œil à l’addition 1+1. D’autant plus que, s’il a cette fois décidé de produire seul son album, Ben. a souhaité faire appel à de nouveaux collaborateurs, et de la plus spontanée des manières.

Après avoir enregistré et tourné pour son album de reprises de Frank Sinatra, Under my Skin (2016), il lance un appel sur les réseaux sociaux. Qui a du bon son tente sa chance ! En trois jours, il reçoit plus de 300 morceaux. Il faut ensuite fermer les vannes, et choisir : « On a tout écouté à l’aveugle, et trié très vite. Quels que soient les univers proposés, ce sont des coups de foudre qui ont donné naissance au disque. » Happé par une mélodie, une rythmique ou un arrangement, Ben donne sa chance à plusieurs morceaux. D’où une tracklist éclectique, car nourrie par des compositeurs et beatmakers différents. Ainsi, Twigg vient de la scène électronique de Toronto, Bastien Cabezon, originaire de Bordeaux, est batteur de formation, notamment pour Theo Lawrence, Gunnar Ellwanger s’est illustré dans le groupe de folk parisien Gunwood…. Sans oublier le guitariste Thomas Broussard, l’un des seuls qu’il connaissait déjà : « Nous sommes tous de la même génération, tous férus de ce que la black music anglo-saxonne a pu offrir pendant plusieurs décennies. » Et cela s’entend. Dans le studio que Ben. Investit pendant deux ans, dans le XIe arrondissement parisien, les instrumentistes viennent du jazz, et les rythmiques, elles, sont empruntées au hip hop.
3 septembre 2022 Yuri Buenaventura festival Jazz Ô Palais
Yuri Buenaventura au festival Jazz Ô Palais 2022

Ainsi, après le « Two Trees » inaugural vient « Next to You ». Ecrit lors de la grossesse de son épouse, ce morceau lié à la paternité devait être un duo. La chanteuse Yuna s’impose alors, avec « sa voix fragile, cristalline, mais dotée d’une véritable force ».  Toujours côté featurings, on retrouve IAM sur « All my Life », qui parle de la passion pour la musique autant que pour une femme : « Ce titre, c’est la dernière pièce du puzzle. En allant à la maison de disques pour présenter mon disque, je croise IAM dont je n’avais pas vu les membres depuis dix ans ! On est tombé dans les bras les uns des autres… En a résulté ce titre enregistré entre Paris et Marseille. »  Troisième collaboration : « Call Me », avec le jamaïcain Samory I, où le  R’n’B synthétique s’habille d’accessoires reggae – un classique instantané.
Alors que « I Love this Game » joue sur le champ lexical du ludique et du sportif, car Ben. est un fan de basket, « The Best » affirme l’importance de la confiance : « en soi mais aussi en l’autre, explique-t-il. C’est un luxe, la base de toute relation. » L’amour, on le retrouve avec l’imagerie poétique de « You’re All I Need », dans sa démonstration sexuelle sur « I Just Want You ». Ou encore sur « Addicted », « la mélodie la plus forte de l’album » d’après Ben : « C’est une déclaration qui raconte le besoin d’être rassuré, et l’addiction à l’autre, qu’il s’agisse de sa compagne ou de son public. » La colère d’une trahison vécue par un ami est évoquée via « I Don’t Wanna Go », mais, heureusement, il nous reste le lâcher-prise de « Let it Go » : « Il faut arrêter de se protéger quand il n’y a aucun risque. Absorber le nirvana, se dire qu’on peut réussir à le vivre sur Terre. » Pourquoi prendre son manteau de pluie quand il fait soleil ? chante-t-il. En effet, en écoutant Addicted to You, le ciel semble soudainement beaucoup plus clair. La magie de Ben. est de retour !

Line-up

Ben – Chant
Stanislas Augris – Batterie
Olivier Carole – Basse
Christophe Lardeau – Guitare
Damien Cornelis – Claviers

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